Il était une fois un humble rondin de bois en hêtre, niché dans les profondeurs de la forêt des Vosges du nord en Alsace. Abrité par les feuilles, le modeste tronçon rêvait d’un destin plus noble, d’une existence plus élevée. C’est lors d’une fraîche matinée, dans l’orbe des bois, qu’un promeneur emprunta son chemin. Il remarqua alors l’élégance naturelle de ce fragment de bois, qu’il prit soin de ramasser.
Le rondin fut alors confié aux mains expertes d’un artisan, pour être taillé avec minutie et rigueur, pour être façonné en un objet utile et esthétique : un stylo en bois. Ce dernier fut acquis par un écrivain passionné, sensible à la beauté des choses, qui prit soin de son nouvel instrument comme de la prunelle de ses yeux. Le stylo devint son ami fidèle, sa plume favorite, son compagnon de voyage.
Ainsi, il parcourut les terres et les mers, de villes en cités, de poèmes en dissertations, de journaux intimes en lettres amoureuses. Le stylo en bois, tel un scribe inspiré, griffonnait les pensées et les mots de son propriétaire, gardant en lui les souvenirs et les émotions, les joies et les peines.
Pourtant, jusqu’à la fin de sa vie, le stylo en bois n’oublia jamais son origine, son humble naissance. Il se rappelait avec tendresse sa vie passée en tant que petit rondin de bois en hêtre, empreint de modestie et de simplicité. Le stylo savait que l’artisan avait donné une nouvelle vie à son corps, en le sculptant avec talent et en le dotant d’une nouvelle fonction.
Le stylo en bois, témoin de tant d’événements et de tant de sentiments, avait accompli sa destinée. Il avait touché le cœur de nombreux lecteurs, et avait contribué, avec force et grâce, à l’écriture de l’histoire de l’humanité. Et même lorsque son encre s’asséchait et que sa vie touchait à sa fin, le stylo en bois était heureux d’avoir accompli sa mission, d’avoir apporté la beauté et l’élégance dans le monde de l’écriture.